Patrimoine du ROCOR

L’icône miraculeuse de «la Racine» de Koursk

L’icône dite “du Signe” (Znamenie) de Notre-Dame de Koursk est la plus vénérée au sein de l’Eglise orthodoxe russe de l’Etranger (EORE). Par l’intercession de la Mère de Dieu miraculeusement présente dans Sa sainte icône, l’EORE a accompli sa mission dans la diaspora au cours des 100 dernières années et continue de le faire en ce deuxième siècle de son existence. L’icône se trouve dans la cathédrale synodale qui lui est spécialement dédiée au siège de New York. C’est en sa présence que se déroule chaque réunion du Saint-Synode des Évêques, qui commence toujours par des prières à la Mère de Dieu devant cette icône. Il est en outre de tradition d’organiser des visites régulières de l’icône de Koursk dans les diocèses de l’EORE, afin d’être vénérée au cours des offices dans les paroisses et de rendre visite au domicile fidèles. L’icône voyage dans toutes les parties du monde où des dizaines de milliers de fidèles viennent s’incliner devant elle.

L’histoire de cette icône miraculeuse figure ci-dessous. Si une visite est prévue dans votre paroisse, veuillez lire les directives diocésaines relatives à la préparation de la venue de l’icône dans votre paroisse ou votre domicile. Vous trouverez également ici le texte de la prière (Moleben) et de l’Acathiste à l’Icône de la Racine de Notre-Dame de Koursk.  

Histoire de l’icône de la Racine de Koursk

L’icône « du Signe » de Notre-Dame de Koursk est l’une des plus anciennes et remarquables icônes de la Rus’ orthodoxe. L’histoire de cette icône est édifiante et remplie d’un si grand nombre de miracles et de signes de la grâce divine qu’elle ne peut que susciter la vénération. 

Ainsi, au 13è siècle et alors que pratiquement toute la Russie gisait en ruines après les ravages de l’invasion tatare, la province de Koursk subit le même sort que les autres cités russes : elle fut dévastée et la ville de Koursk, après avoir été détruite par les hordes du Khan Batu, se transforma littéralement en désert envahi d’une forêt dense et peuplé d’animaux sauvages. Les habitants de la ville de Rylsk, qui avait survécu au désastre, s’y rendaient souvent pour chasser. L’un d’eux s’étant un jour rendu non loin de Koursk sur les rives de la rivière Touskar à la recherche d’une proie, il vit alors, gisant sur le sol à la racine d’un arbre, une icône tournée face contre terre. L’ayant ramassée, il remarqua qu’elle était semblable à l’icône « du Signe » de Novgorod. Ce fut à ce moment que se produisit son premier miracle : le chasseur avait à peine ramassé la sainte icône que jaillit immédiatement une abondante source d’eau claire à l’endroit même où elle reposait. C’était le 8 septembre 1295.

Le chasseur construisit là une petite chapelle en bois et y plaça l’icône nouvellement manifestée.  Bientôt, les habitants de Rylsk la découvrirent et commencèrent à venir vénérer ce lieu saint qui, au fil du temps, fut de plus en plus glorifié par des miracles.

Ayant appris cela, le Prince de Rylsk Vassili Chemyaka ordonna que l’icône soit transférée à Rylsk, où elle fut solennellement accueillie par tous les habitants de la ville venus à sa rencontre. Seul le prince Chemyaka n’y assista pas, ce qui lui valut d’être frappé de cécité. Ayant reconnu sa faute, il s’en repentit et, après avoir prié avec ferveur devant la sainte icône, il fut guéri. Très ému de ce miracle, il fit construire à Rylsk une église dédiée à la Nativité de la Mère de Dieu, dans laquelle fut placée l’icône miraculeuse, dont la fête annuelle fut fixée au 8 septembre, date anniversaire du jour où elle s’est manifestée. 

Mais l’icône ne demeura pas longtemps à Rylsk, puisqu’elle disparut de l’église pour revenir miraculeusement au lieu de son apparition sur les rives de la Touskar. Les habitants de Rylsk l’ont à plusieurs reprises ramenée sans succès, puisqu’elle est toujours revenue de mystérieuse façon à sa place initiale. Dès lors, ils comprirent que telle était la volonté de la Mère de Dieu et laissèrent enfin l’icône dans sa chapelle. Les pèlerins se mirent à affluer nombreux pour vénérer le sanctuaire, où les miracles abondaient. Les offices pour les pèlerins étaient accomplis par un prêtre pieux surnommé Bogolioub, venu vivre ici volontairement dans l’ascèse, poussé par son zèle et une vénération particulière pour la Mère de Dieu.

En 1383, la région de Koursk fut à nouveau pillée par les Tatars. Ceux-ci, ayant trouvé sur leur chemin la chapelle, décidèrent de la brûler et de capturer le prêtre. Malgré tous leurs efforts, la chapelle n’a pas pris feu, bien qu’ils l’aient entourée de petit bois. Les barbares superstitieux se jetèrent alors sur Bogolioub, l’accusant de magie pour justifier leur échec. Dénonçant leur folie, le prêtre désigna l’icône de la Mère de Dieu. Furieux, les Tatars se saisirent de la sainte icône et la cassèrent en deux morceaux qu’ils jetèrent de part et d’autre. Enfin, ils brûlèrent la chapelle et emmenèrent Bogolioub. 

En captivité, le pieux starets conserva sa foi, restant inflexible aux exhortations des Tatars pour le convertir à leur religion, et plaçant toute son espérance dans la Très Sainte Mère de Dieu. Et cet espoir ne l’a pas trompé. Un jour qu’il faisait paître des moutons tout en chantant prières et cantiques de louanges en l’honneur de la Mère de Dieu, il fut entendu par des envoyés du Tsar de Moscou qui se rendaient auprès du Khan. Ayant reconnu en ce vieux berger un prêtre russe, ils le rachetèrent de sa captivité et Bogolioub put rentrer chez lui, là où se trouvait la chapelle avec l’icône de la Racine. Sur place, il retrouva les morceaux de l’icône miraculeuse brisée par les Tatars pour la reconstituer. Aussitôt, les deux parties s’assemblèrent si étroitement que ne subsistait aucune trace des dommages infligés par les Tatars. Seule une marque est restée à l’endroit où l’icône avait été coupée en deux. Apprenant ce miracle, les habitants de Rylsk rendirent gloire à Dieu et à sa Mère toute pure. Une nouvelle chapelle fut ensuite construite sur le site d’origine de l’icône et celle-ci y resta environ 200 ans, ne cessant d’accomplir des miracles. Après avoir rénové l’église de la Nativité de la Mère de Dieu construite par Chemyaka, les habitants de Rylsk tentèrent à nouveau d’y transférer la sainte icône, avec le même résultat que précédemment.   

La ville-forteresse de Koursk fut reconstruite en 1597 sous le règne de Fiodor Ivanovitch. Ce pieux tsar, ayant entendu parler des miracles de l’icône, exprima son désir de la vénérer à son tour. Elle fut alors reçue à Moscou avec grande solennité. La tsarine Irina Fiodorovna orna la sainte icône d’une précieuse riza. Sur ordre du Tsar, l’icône fut placée dans un cadre en vermeil, sur lequel étaient représentés le Seigneur des Armées et les prophètes tenant des rouleaux dans leurs mains. Elle fut ensuite renvoyée à Koursk et, grâce au concours du Tsar, un monastère fut fondé à l’emplacement de la chapelle. Une église, dédiée à la Source vivifiante, fut aussi construite là où la source avait jailli lors de la première manifestation de l’icône. L’église et le monastère devinrent l’Ermitage de la Racine de Koursk, en l’honneur de l’apparition de l’icône sur la racine de l’arbre.

Même lorsque l’icône était absente de la ville de Koursk, la sollicitude bienveillante de la Mère de Dieu n’abandonna pas la ville. Ainsi, lorsqu’en 1612 les Polonais assiégèrent Koursk, des habitants virent la Mère de Dieu et deux moines resplendissants briller au-dessus de la ville. Des Polonais fait prisonniers racontèrent qu’eux aussi avaient vu une femme et deux hommes radieux sur les murs de la ville, et que cette femme faisait des gestes menaçants à ceux qui assiégeaient la cité. Ses habitants ont alors fait le vœu de construire un monastère en l’honneur de la Mère de Dieu et d’y placer l’icône miraculeuse. Les assiégeants ont été rapidement mis en fuite et, en signe de gratitude envers leur protectrice céleste, les habitants de Koursk construisirent un monastère dédié à Notre-Dame du Signe.

Lors d’une nouvelle invasion de Tartares de Crimée, l’icône fut transférée à l’église cathédrale de Koursk et une copie exacte en a été laissée à l’Ermitage. Le tsar Boris Godounov fit de nombreux présents pour la parure de l’icône. Même le faux Dimitri, prétendant au trône désirant gagner le soutien des habitants de la région de Koursk, vénérait cette icône et l’a installée dans les résidences royales où il demeura jusqu’en 1615. Selon la tradition, c’est en 1618 que l’icône miraculeuse a été transférée pour la première fois en procession solennelle du monastère de Koursk à « l’Ermitage de la Racine ». Dès lors fut établie la pieuse coutume de transférer chaque année temporairement l’icône à l’Ermitage, et chaque vendredi de la 9è semaine après Pâques. Elle restait là jusqu’au 12 septembre et était solennellement raccompagnée à Koursk le 13 septembre. Le vendredi après Pâques de 1767, la procession avec l’icône miraculeuse, prise sous une forte averse, se retrouva dans la cour d’Agafia Fotiyevna Mochnine, veuve de l’entrepreneur en bâtiment Isidore Ivanovitch Mochnine. Leur fils Prokhor (futur Saint Séraphin), alors âgé de 9 ans, était alors malade au point que l’on n’espérait plus sa guérison. Toutefois, peu de temps auparavant, le garçon avait vu en rêve la Mère de Dieu qui avait promis de lui rendre visite et de le guérir. Agafia Fotiyevna amena Prokhor malade devant l’icône du Signe apportée par la procession, à la suite de quoi il se rétablit rapidement. C’est ainsi que l’icône du Signe de Koursk se trouva directement liée à la vie du grand thaumaturge russe, qui jouera un rôle si important dans le destin de la Russie. Ce fut la dernière procession avant son interdiction sous le règne de Catherine II. Ce n’est que sous Paul Ier et Alexandre Ier que les processions de l’icône du Signe de la Racine de Koursk purent reprendre et même devenir la procession la plus imposante et la plus fréquentée de Russie.

En 1676, l’Icône de la Mère de Dieu du Signe fut transférée sur le Don afin de bénir les troupes de cosaques du Don. En 1684, une copie de l’icône miraculeuse de la Vierge du Signe a été envoyée dans un cadre en argent doré au Monastère de la Racine de la part des Tsars Ivan et Pierre Alexeevitch (Ivan V et Pierre I) avec la recommandation d’apporter cette copie dans les paroisses de soldats orthodoxes. En 1687, Ivan V et Pierre I ordonnèrent d’amener l’icône au « grand régiment », c’est-à-dire l’armée, envoyée en campagne contre les Tatars de Crimée. Ce « grand régiment » alla de fait jusqu’en Crimée et mit fin aux raids tatars sur les terres russes. Ainsi, l’icône miraculeuse de Koursk, apparue pour encourager le peuple russe sur les frontières de la terre russe dévastée par l’invasion de Batu, a participé à la dernière campagne victorieuse des Russes contre les Tatars, marquant ainsi pour la Russie la fin du péril tatar. 

En 1812, la municipalité de Koursk, plaçant tout son espoir dans la Très Sainte Mère de Dieu, s’empressa d’envoyer au Prince Koutouzov une copie de l’icône miraculeuse sertie d’un cadre vermeil, afin de renforcer l’armée en campagne. Dans une lettre du 29 septembre 1812 aux autorités de Koursk, Koutouzov a témoigné de sa gratitude envers les citoyens de Koursk et leur donné l’assurance que la ville de Koursk resterait toujours saine et sauve, étant sous le regard d’une protectrice telle que la Reine du Ciel.

La ferveur témoignée à l’icône de Koursk par toute la Russie ne pouvait manquer d’attirer l’attention des socialistes-révolutionnaires, précurseurs du bolchevisme. Le 3 mars 1898, un certain nombre d’entre eux, et non des moindres puisque Maxime Gorki en faisait partie, décidèrent de détruire purement et simplement l’icône, de manière à saper la foi du peuple dans les pouvoirs miraculeux de l’icône de Koursk. Lors de l’office des Vigiles dans la cathédrale du Signe, ils placèrent discrètement une bombe à retardement d’une grande puissance au pied de l’icône de la Mère de Dieu. Pour accroître l’impact du sacrilège, ses auteurs choisirent un jour de fête, en l’occurrence le Dimanche de la Croix. Mais, miraculeusement, le mécanisme de la bombe s’est déclenché plus tard que prévu, alors que l’église était vide. De fait, sur les coups de deux du matin, une terrible explosion retentit, faisant trembler tous les murs du monastère. Effrayés, les moines ont accouru à la cathédrale et ils ne trouvèrent que destructions. La puissance de l’explosion avait détruit tout le dais en fonte dorée au-dessus de l’icône et avait déplacé et déchiqueté son socle en marbre formé de plusieurs lourdes marches. Un grand chandelier massif qui se trouvait devant l’icône se trouva soufflé au loin tandis qu’une porte en fer à côté de l’icône était entièrement détruite et poussée vers l’extérieur. Même le mur fut abîmé et fissuré. Toutes les vitres de la cathédrale, y compris celles de la coupole, furent pulvérisées. Mais, au milieu de ce tableau de désolation, l’icône du Signe demeurait miraculeusement intacte, y compris le verre qui la recouvrait. Ainsi les auteurs du forfait, en voulant détruire la sainte icône, n’ont abouti qu’à renforcer sa glorification. Lorsque la nouvelle de ce miracle fut connue de toute la ville, son retentissement fut extraordinaire. Tout le monde s’est précipité vers la cathédrale du Signe pour voir de ses propres yeux ce signe de la gracieuse bienveillance de la Mère de Dieu et s’incliner devant son image miraculeuse.

Au moment de la révolution, le 12 avril 1918, l’icône disparut de la cathédrale du Signe. Les recherches menées pour la retrouver n’aboutirent à rien. Elle fut cependant découverte dans les circonstances suivantes : non loin du monastère vivaient une pauvre fille et sa mère, qui n’avaient rien à manger depuis trois jours. Koursk était à ce moment-là contrôlée par les bolcheviques. Le 3 mai, cette jeune fille partit au marché pour y acheter du pain. En rentrant chez elle vers une heure du matin, elle passa devant un puits qui, selon la tradition, avait été creusé là par saint Théodose des Grottes. Là, sur le bord du puits, elle vit un paquet enveloppé dans un sac et, l’ouvrant, y trouva l’icône sacrée, apparemment abandonnée là par ceux qui l’avaient dérobée.

Fin octobre 1919, alors que l’armée blanche évacuait Koursk, douze moines du monastère emmenèrent l’icône à Belgorod, d’où elle fut transférée à Taganrog, Ekaterinodar, et enfin Novorossiysk. Survint l’évacuation et, avec la permission du Métropolite Antoine (Khrapovitsky) alors président de « l’Autorité ecclésiastique suprême provisoire de la Russie du Sud-Est », l’icône fut embarquée le 1er mars 1920 vers Thessalonique sur le vapeur Saint Nicolas par Mgr Théophane de Koursk. Le 3 avril, Mgr Théophane emmena l’icône dans la ville de Pec, ancienne capitale de la Serbie, où elle demeura quatre mois. En septembre, à la demande du baron Wrangel, elle fut renvoyée en Crimée. Le 29 octobre 1920, un an après avoir quitté Koursk, la sainte icône quitta cette fois sa terre natale avec l’évacuation de l’armée blanche et des russes qui refusaient de se soumettre au régime bolchévique. Après être revenue dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, avec la bénédiction du Patriarche Dimitri de Serbie, la sainte icône resta avec Mgr Théophane au monastère serbe de Jazak dans le massif de « Fruška gora ». Fin 1927, l’icône fut placée dans l’église russe de la Sainte Trinité à Belgrade. 

Avec la bénédiction du Synode des évêques, Mgr Théophane a alors transporté l’icône dans divers endroits où vivaient les Russes de la diaspora. Pendant la Seconde Guerre mondiale, lors des bombardements de Belgrade et de toutes les épreuves causées par la guerre, l’icône fut un rempart d’espoir pour tous ceux qui l’ont approchée avec une prière sincère. Compagne inébranlable du peuple russe qui n’a pas accepté l’autorité d’un pouvoir satanique, cette grande et ancienne icône, qui est demeurée à Moscou tout au long du Temps des Troubles au 17è siècle, fut chassée de Yougoslavie à l’automne 1944 avec tous ceux qui durent à nouveau fuir un régime impie. De Vienne en ruines, l’icône fut transportée dans la paisible ville de Carlsbad, où le Saint Synode avait été évacué. A l’approche des soviétiques, elle fut emmenée à Munich au printemps 1945. La sainte icône fut d’une infinie consolation pour plusieurs milliers de personnes qui ont vécu toutes les épreuves et les tribulations des dernières années de la Seconde Guerre mondiale. De Munich, l’icône a voyagé en Suisse, en France, en Belgique, en Angleterre, en Autriche et dans de nombreuses villes et camps en Allemagne même. Ensuite, l’icône fut transférée vers le Nouveau Monde, où elle résida d’abord au Nouvel Ermitage de Koursk à Mahopac (New York), puis au siège synodal dans la cathédrale Notre-Dame du Signe à New York, résidence du Premier Hiérarque de l’Église orthodoxe russe à l’étranger. 

En 1949, le Protopresbytre Georgy Grabbe (futur Mgr Gregory), dirigeant de la Chancellerie synodale, se trouvait à Francfort avec l’icône miraculeuse lorsqu’ un vieil homme s’approcha de lui. Le prenant à part, il lui dit :

« J’ai été complice de la tentative de faire sauter cette icône. Jeune garçon à l’époque, je ne croyais pas en Dieu. J’ai donc voulu vérifier : s’il y a un Dieu, alors il ne permettra pas la destruction d’un tel objet sacré. Après l’explosion, je suis devenu un croyant et, aujourd’hui encore, je m’en repens amèrement ». En larmes, le vieillard vint se prosterner devant l’icône miraculeuse, puis sortit. 

Avec la réinstallation outre-Atlantique de nombreux russes se trouvant en Allemagne et en Autriche après la Seconde Guerre mondiale, se posa la question du transfert du siège des russes de l’étranger vers l’Amérique du Nord, où la majeure partie des russes émigrés étaient maintenant exilés. Des bienfaiteurs bien connus, tels le prince et la princesse Belosselsky-Belozersky, ayant entendu parler du transfert du synode et de l’icône miraculeuse de Koursk aux États-Unis, ont gentiment accepté de mettre à leur disposition leur propriété de campagne près de la ville de Mahopak, à une quarantaine de miles de New York. Avec la bénédiction du métropolite Anastase, il fut décidé d’y créer un monastère stavropégique qui, à l’arrivée du saint synode aux États-Unis, pourrait devenir sa résidence temporaire.

L’Archevêque Séraphin de Chicago et de Detroit, originaire de Koursk et auteur du livre sur l’icône de Koursk du Signe « L’Hodiguitria des Russes de l’étranger », fut le bâtisseur et le recteur de la nouvelle communauté. Sur sa suggestion, on la nomma « Nouvel Ermitage de la Racine », en mémoire de l’ancien Ermitage du même nom près de Koursk, détruit par les bolcheviques.

Vers 3 heures de l’après-midi ce 23 janvier 1951, un avion atterrit à l’aéroport d’Idlewild près de New York (aujourd’hui aéroport Kennedy) apportant, comme un signe de la grâce de Dieu venue du ciel, l’Icône miraculeuse de Notre-Dame du Signe de Koursk, l’Hodiguitria de la diaspora russe. La sainte icône était accompagnée de l’archimandrite Averky, plus tard Archevêque de Syracuse et de la Trinité, qui a travaillé sous la protection de l’icône miraculeuse pendant plus de dix ans.

Le métropolite Anastase célébra avec une solennité particulière un premier office de prières devant l’icône miraculeuse de Koursk. Servaient avec lui Mgr Séraphin et Mgr Euloge, ainsi que le clergé du Nouvel Ermitage. Le 8 février, à 19 heures, l’icône fut remise par le primat lui-même à la cathédrale de l’Ascension de New York, où un accueil solennel lui fut réservé par une foule de personnes et Mgr Nikon. Un office et un acathiste furent célébrés par le métropolite Anastase avec les évêques Nikon et Séraphin, ainsi que 12 membres du clergé et trois diacres. Pendant environ une heure, à la fin du Moleben, les fidèles ne purent se détacher de l’icône. La plupart d’entre eux venaient juste d’émigrer et éprouvèrent une joie toute particulière à recevoir cette icône chère à leur cœur et venant les consoler des épreuves endurées en Europe. L’icône est restée plusieurs jours à New York, avant de rentrer à l’Ermitage de la Racine. Le dimanche suivant, elle rendit visite au monastère féminin du Nouveau Diveyevo, ainsi qu’à Washington, Lakewood, Vineland, à l’église des Saints Pères des Sept Conciles Œcuméniques de Manhattan et bien d’autres.

Afin de faciliter les échanges entre le Premier Hiérarque et les fidèles, la résidence synodale fut déplacée à New York, et le premier jour du Grand Carême 1952, le Saint Synode ainsi que l’Icône Miraculeuse y déménagèrent. En 1959, par la grâce de Dieu et par l’intercession de la très Sainte Mère de Dieu, le Synode s’installa sur la 93e rue, dans l’un des meilleurs quartiers de la ville de New York. Le Synode décida aussi de dédier l’église de la ville à Notre-Dame du Signe (Znamenskaya) en l’honneur de l’icône miraculeuse, comme c’était le cas à Koursk. Il fut convenu que le nouvel Ermitage de la Racine servirait de résidence d’été du métropolite et de l’icône.

Actuellement, en vertu d’un Décret du Conseil des évêques de l’EORE, un festival en l’honneur de l’icône a lieu chaque année le 27 novembre/10 décembre à la Cathédrale synodale du Signe de New York ainsi qu’au Nouvel Ermitage de Koursk à Mahopac chaque dimanche le plus proche de la fête de la Nativité de la Mère de Dieu.

Galerie de photos de l’icône de la Racine de Koursk